Anecdotes

Extrait des Annales :

La pièce d’or

Dans le temps où l’on creusait les fondations de notre bâtiment (en 1730), il arriva une aventure assez plaisante. Un de nos ouvriers trouva une pièce d’or fort antique, ce qui nous donna lieu de soupçonner qu’elle n’était point seule ; nous nous rappelâmes alors qu’un Révérend Père Minime nous avait dit qu’au moyen d’une certaine baguette, il découvrait ce qui était caché sous la superficie de la terre ; nous le fîmes prier de se rendre chez nous pour en faire l’expérience.

Il y vint, marcha lentement sur le lieu où nous soupçonnions qu’il y avait quelque chose, et la baguette s’inclina si fort en cet endroit, que le Révérend Père nous assura qu’il y avait de l’or et de l’argent. Cette agréable nouvelle ne fut pas plutôt répandue parmi nous, que les plus zélées de nos Sœurs, se croyant déjà hors de l’indigence, ne pensèrent plus qu’au moyen de déterrer le trésor caché. Il fallait pour cela choisir un temps favorable. Nous pensâmes que la nuit était celui qui convenait le mieux pour une semblable recherche.

Dès que les ouvriers furent sortis, chacune mis la main à l’œuvre avec permission de notre Très Honorée Mère, se servant des premiers outils qu’on rencontra. Animées par les assurances réitérées que leur donnait ce bon Père de l’heureux succès de leurs travaux, elles persévérèrent jusqu’au jour dans ce pénible exercice, qui n’eut d’autre récompense… qu’un charbon, qu’elles trouvèrent quatre pieds plus bas dans les fondements. Elles se consolèrent de ce mauvais résultat par le sujet de récréation que cette aventure procura à la Communauté.

Visite de Monseigneur Coislin

Durant la construction de ce bâtiment, Monseigneur nous a honoré de ses visites réitérées, se faisant un plaisir de nous surprendre au Réfectoire et de visiter notre cuisine. Un jour, pendant la retraite de notre Très Honorée Mère, nous nous trouvâmes un peu embarrassées : un parent de notre très chère Sœur l’Assistante, voulant régaler la Communauté, envoya des pigeons, qui peu accoutumés de voler sur nos tables, furent interdits à la vue du Prélat. Celles à qui on les avait déjà servis, prirent le parti de leur donner asile dans leurs poches, quoique rôti.

Notre chère Mère, allant le recevoir, le prévint sur ce petit extraordinaire, dont il parut satisfait. Faisant le tour du Réfectoire, et n’en voyant point, il en demanda la raison à une de nos Sœurs. Elle lui répondit sincèrement qu’elle avait cru devoir le soustraire à sa vue, ce qui le fit sourire, et lui prouva notre frugalité, dont il a souvent fait l’éloge.

 

Vous pouvez lire ce récit dans son contexte dans les Annales (p. 58 à 62)