Spiritualité de Robert Schuman

Robert Schuman: chrétien engagé en politique,

«Père de l’Europe»

par le père Bernard ARDURA

C’est le 29 juin 1886 que naquit à Luxembourg Robert Schuman, d’un père lorrain et d’une mère luxembourgeoise. La Lorraine était alors annexée par l’Al­lemagne depuis 1870.

Dans la tradition du Grand Duché, il reçut l’enseignement en français et en allemand, au point de devenir parfaite­ment bilingue et fin connaisseur des deux cultures. En 1903, le jeune Robert surprend son entourage en décidant de passer le baccalauréat à Metz pour avoir le droit d’entrer dans les universi­tés allemandes. De fait, il poursuit ses études avec succès dans les athénées de l’Empire, au point de déclarer publi­quement en Allemagne, en 1950: «Je songe à mon expérience personnelle quand j’étais étudiant en Allemagne. Ignorant ce qui nous attendait au cours de ce demi-siècle, j’ai constitué les ba­ses d’un enrichissement spirituel et in­tellectuel considérable. J’ai constaté par moi-même tout ce que, par notre coopé­ration, nous pouvons contribuer au bien commun».

L'enfance de Robert Schuman«Faire le bien» sera sa devise. Deve­nu avocat, il réalise son rêve en 1912, en s’installant à Metz, sur la terre de ses ancêtres paternels. II vient grossir le petit nombre d’érudits lorrains ren­trant au pays, conscients du danger d’extinction de la culture française en Lorraine. Engagé dans les mouvements d’inspiration catholique, Robert Schu­man trouve un maître de vie spirituelle exceptionnel en la personne de l’évêque de Metz, Mgr Willibrord Benzler, ancien abbé bénédictin de Maria-Laach, centre d’un fécond renouveau liturgique en Al­lemagne. Mgr Benzler conseille au jeu­ne avocat d’étudier la pensée de saint Thomas d’Aquin et celui-ci s’engage dans cette voie au point de devenir ca­pable de débattre du thomisme, en la­tin, avec des spécialistes. Membre actif de l’Union populaire catholique lorraine, Robert Schuman a 28 ans en 1914.

Ré­formé pour raison de santé, il est incor­poré comme «commis aux écritures» dans une unité en garnison à Metz, avant d’être affecté comme «travailleur auxiliaire» dans l’équivalent d’une sous­-préfecture de la campagne messine. C’est dans ces conditions qu’il traverse la première Guerre mondiale. Serein, il déplore «tant d’indignités humaines que ces temps pénibles rendent plus odieu­ses encore».