Spiritualité de Robert Schuman

Le 22 novembre 1947, il est investi comme Président du Conseil, à la fin d’une année marquée par de nombreu­ses insurrections et de violents désor­dres. De juillet 1948 à janvier 1953, dans huit gouvernements successifs, il excelle dans le rôle de Ministre des Affaires étrangères et lance son fameux «Appel» du 9 mai 1950, qui marque la naissance de l’Europe unie.

Si, depuis soixante ans, l’Europe oc­cidentale vit une ère de paix, nous en sommes redevables à des hommes comme Adenauer, Schuman, De Gaspe­ri, qui conçurent la reconstruction de l’Europe ruinée sur la coopération entre les pays européens. Chez eux, aucune idée de punition des vaincus, encore moins de vengeance ou d’humiliation, mais au contraire respect, coopération, échanges mutuels, connaissance réci­proque, développement d’une amitié respectueuse des différences. L’axe de leur politique de paix repose sur le lien nécessaire entre éthique et action poli­tique.

 

Robert Schuman fait appel aux va­leurs morales du christianisme, qui, de­puis deux mille ans, irriguent l’Europe et constituent le fondement de son iden­tité. II coopère avec tous les hommes de bonne volonté, comme le saint-simo­nien Jean Monnet qui peut lui déclarer: «Vous êtes un homme honnête, vous pouvez proposer ce que vous voulez, on vous croira». La foi de Schuman ne l’éloigne pas du réel, mais éclaire sa raison et son action, au point de provo­quer une véritable révolution dans l’Eu­rope d’après-guerre: puisque la France et l’Allemagne entrent périodiquement en conflit notamment à cause de leurs intérêts dans la Ruhr et en Lorraine, il faut que ces deux pays mettent en com­mun la racine de leurs divisions. Ainsi naquit la Communauté européenne du charbon et de l’acier, prémices du Mar­ché commun, puis de l’Union européen­ne.

Robert Schuman déclarait, le 12 mars 1956: « Il faut veiller à ce que le progrès spirituel marche de pair avec les avan­tages matériels». Son message est plus que jamais actuel.

Paru dans l’osservatore Romano Juillet 2006