Restauration du Monastère (1817)

Notre digne Mère parle de son départ

Mr l’Abbé Brusseaux partit de Metz le 15 septembre 1817, avec une voiture particulière et arriva à Fribourg le 23 ; comme il pressait fort le départ, il fallut hâter le moment du sacrifice, qui fut fixé au 26.

« Il serait inutile, dit notre digne Mère Fondatrice, d’essayer de peindre la peine que nous éprouvâmes en quittant nos sœurs bien aimées, dont la mort seule semblait devoir nous séparer et auxquelles le double lien de la religion et de l’affection nous attachait si étroitement ! Mais quel serait le mérite de l’obéissance, si elle n’imposait point de sacrifices ?… Le lendemain, 27, nous couchâmes à notre Monastère de Soleure, où nous fûmes reçues avec des démonstrations de cordialité et d’affabilité qui ne se rendent pas, mais dont le souvenir nous pénètre encore de la plus affectueuse reconnaissance. Le dimanche, qui ne pouvait se rencontrer plus heureusement pour nous dans notre route, nous valut la satisfaction de prolonger notre séjour chez ces excellentes Sœurs jusqu’au lundi 29.

Nous reprîmes notre marche, en la dirigeant vers Nancy. L’accueil que nous y reçûmes nous eut fait croire que nous nous retrouvions à Soleure, ou plutôt nous reconnûmes que nous étions encore à la Visitation, parmi des Sœurs qui, animées du même esprit que celles que nous quittions, ne leur cédaient en rien de ce qui peut caractériser la bonté et la parfaite charité. Elles ne s’en tinrent pas aux marques qu’elles nous en donnèrent dans cette occasion, mais les multiplièrent depuis sans les épuiser. A peine pûmes-nous jouir quelques heures de la douceur de l’entretien de ces chères Sœurs : il fallut partir, dès l’aurore, le lendemain, 4 octobre, pour être rendues le soir même à Metz, où nous étions attendues. »