Restauration du Monastère (1817)

Cette entreprise demandait d’autant plus de prudence, d’expérience et de générosité, que l’on était en l’année 1817, qui a été nommée, à bon droit, dans l’histoire du pays, la chère année. Le passage des Cosaques et des alliés (1815) restait un triste souvenir pour la Lorraine. Il avait fallu les nourrir, et les années précédentes, écrasées par les levées de troupes formidables pour les expéditions de Napoléon Ier, avaient été ruineuses. Quand vint le printemps de 1817, il n’y avait absolument plus rien à manger dans nos campagnes : la guerre avait empêché de semer en 1815 ; on n’avait donc pu faire de moisson en 1816, et toutes les provisions étaient épuisées. A Metz, on payait le pain jusqu’à 24 sous la livre. Ainsi, cette communauté, qui a connu l’extrême disette que les guerres entraînent après elles, lors de fondation, va se retrouver encore en face de la disette en son rétablissement.

Avant d’entrer dans la relation de ce rétablissement, nous croyons devoir donner quelques détails sur ce qui a précédé, pour montrer la conduite admirable de la Divine Providence sur cette communauté, qu’on peut bien dire être Son ouvrage.

A peine les maisons religieuses étaient-elles supprimées que la divine bonté, qui voulait se conserver en cette ville un troupeau choisi, porta au mois de novembre de la même année 1792, cinq ou six personnes pieuses à se réunir, dans l’intention de former ensuite un corps de communauté. Au mois de mai 1795, elles changèrent de maison et plusieurs anciennes religieuses se joignirent à elles : il y eut des Sœurs Colettes, des Sœurs de l’Ave Maria, des Sœurs de la Congrégation Notre Dame, etc.