Restauration du Monastère (1817)

Cérémonie de l’établissement, 5 octobre 1817

Le 4 octobre 1817, à cinq heure du soir, notre très honorée Mère Marie Thérèse de Tholozan, notre bien aimée Sœur Marie-Stanislas de Schaller, déposée de Fribourg, et notre Sœur Marie de Sales Chappuis, jeune professe, arrivèrent dans la communauté. Elles furent reçues avec une joie inexprimable : notre chère Sœur Marie de Chantal Hurlaux exprima à notre digne Mère de la manière la plus franche et la plus touchante, la consolation qu’elle avait de voir enfin remplis ses vœux les plus chers ; chacune, à l’envie, s’empressa à lui donner la même assurance et lui témoignait la plus vive satisfaction, lorsqu’on annonça Monseigneur. Après avoir reçu sa bénédiction, la nouvelle supérieure lui remit son obédience. Il lui dit à cette occasion les choses les plus obligeantes et, le lendemain, il eut la bonté de faire un petit discours, qui fut suivi de la Messe, après laquelle notre vénérée Mère fit la profession de foi ; le salut termina le tout. Monseigneur, en se retirant, assura nos chères fondatrices de sa bienveillance et du zèle qu’il mettrait toujours à les seconder et à soutenir notre établissement.

Les compagnes de notre très-honorée Sœur Marie de Chantal Hurlaux étaient nos chères Sœurs Anne Joseph Manjean, Thérèse Augustine Le Jeaille, Marie Gertrude Drouin, Louise Raphaël Mulleur, Claire Eugénie Maguin, Marie Gabriel Couturier, novice pour le chœur, et Claude Simplicienne Mirguet pour le ménage !

La réception faite à nos Mères leur offrait, il est vrai, des espérances et de l’encouragement, mais en visitant le local qu’elles croyaient beaucoup plus vaste ; elles le trouvèrent si resserré, et si peu susceptible de recevoir une forme régulière, qu’il leur sembla devoir renoncer au projet de s’y arranger. Le défaut de ressources pécuniaires n’étant pas d’ailleurs le moindre obstacle qui s’opposât à l’extension de la maison, ou à l’acquisition d’une autre demeure, elles en conclurent plus que jamais, que leur unique ressource était dans le nom du Seigneur. Notre digne Mère Marie Thérèse de Tholozan jeta toutes ses inquiétudes dans Son sein paternel et se disposa à attendre en paix de sa Providence les moyens nécessaires à l’exécution d’une œuvre, qui ne pouvait être que la sienne et sur laquelle Il avait trop clairement manifesté ses desseins pour ne pas l’établir dans la plus ferme confiance de les voir tôt ou tard s’accomplir. Elle ne fut pas trompée dans son attente ; la divine bonté ne lui envoya pas, à la vérité, des secours éclatants, mais elle fit doucement son ouvrage, nous laissant toujours dans son aimable dépendance, et en position de bien pratiquer notre saint vœu de pauvreté.

Cependant, il fallait rendre compte à Fribourg de l’état de la nouvelle maison ; notre chère Mère le fit en toute sincérité ; en entendant la lecture d’un tel dénuement, les larmes coulèrent et nos Sœurs prièrent de rappeler les fondatrices. Heureusement pour nous, la Très-Honorée Mère Marie-Henriette de Reinolds était fort courageuse, et connaissait trop bien la grande âme à laquelle la fondation était confiée, pour lui faire une semblable proposition.