Restauration du Monastère (1817)

Départ et mort d’une Novice qui manque sa vocation

Nous parlerons ici, pour l’instruction, du départ d’une Novice que nous avons regrettée prévoyant les remords qu’elle en éprouverait. C’était une Dame veuve (13) entrée à peu près en même temps que notre chère Sœur Marie Félicité ; ses commencements furent très fervents ; elle excitait souvent sa compagne et remontait son courage ; en un mot elle satisfit si bien la Communauté qu’elle fut reçue avec joie à l’habit. Malheureusement pour cette Dame, elle avait deux amies intimes qui, la voyant sans enfant, avaient espéré avoir d’elle des avantages, et ne pouvaient se résoudre à en être frustrées.

Lorsque le jour de la vêture fut fixé, l’une d’elles, qui habitait Metz, vint lui livrer un violent assaut, et finit par lui dire qu’elle ne restait que parce qu’elle n’était pas libre et que ses religieuses la retenaient. A ce coup, notre bonne veuve fut vaincue, elle dit à la supérieure qu’il y allait de son honneur et de celui de la maison qu’elle sortît pour prouver qu’elle avait son entière liberté, et il fallut la laisser partir.

Elle retourna donc quelque temps à Nancy, puis revint prendre sa place de Postulante ; mais nous vîmes avec peine que son ardeur était bien diminuée ; cependant, au bout de quelques temps, elle réunit de nouveau les suffrages, et reçut le saint habit qu’elle porta une bonne partie de l’année. Elle eut pu sans doute réussir si son amie n’eût continué à la troubler ; ses compagnes s’apercevaient bien par quelques mots qu’elle perdait sa vocation, mais comme elle paraissait ferme avec les Supérieures, les remarques des Sœurs du Noviciat étaient négligées.

Enfin un beau jour notre bonne Dame dit à la Supérieure que le courage lui manquait, et que, sans retard, elle partait le lendemain. Les observations qu’on put lui faire furent inutiles ; tout était arrêté, elle retourna à Nancy ; elle n’y goûta pas le repos, son infidélité à sa vocation lui causa des remords et des peines qui la conduisirent au tombeau. Peu de mois après sa sortie, des obstructions se déclarèrent au pilou, et empêchèrent tout passage aux aliments. Notre chère Dame sentit alors que la justice de Dieu la punissait justement ; sans cesse elle écrivait à nos Mères ses douleurs et ses regrets ; elle le fit encore peu de jours avant sa mort, se recommandant instamment aux prières de la Communauté qui l’aimait réellement, et avait bien déploré son aveuglement. Elle nous légua son linge resté ici, et une portion assez considérable de sa succession pour être nommée bienfaitrice, mais ce ne fut pas sans peine que nous pûmes entrer en possession de ses dons.

13 – Victoire Milles de Chevets, veuve de Mr de Franqueville, âgée de 50 ans ; en Religion Sœur Marie Antoinette.

14 – Intestins