Restauration du Monastère (1817)

Mort de notre Sœur Thérèse Augustine Lejaille (suite)

Le Seigneur, voulant la purifier comme l’or dans le creuset, et montrer au grand jour la généreuse charité de cette belle âme, permit que, 2 ans avant sa mort, un chirurgien lui coupât l’artère du bras droit. Ce terrible accident nécessita une opération des plus douloureuse. Le matin du jour où elle la subit elle se munit du pain des forts, puis se remit paisiblement entre les mains des quatre chirurgiens qui semblaient plus redouter qu’elle le mal qu’ils allaient lui faire. Pendant une heure, que dura cette cruelle opération, elle supporta avec son courage ordinaire de terribles douleurs : sa patience héroïque fit non seulement notre admiration, mais encore celle des chirurgiens.

Ce qui nous frappa le plus fut la grande charité avec laquelle elle soutenait et défendait celui qui avait fait cette maladresse, et, quand on lui en parlait, elle répondait : « C’est Dieu qui l’a ainsi voulu et ordonné de toute éternité »… Elle fit plus, pour prouver à ce chirurgien peiné qu’elle conservait de la confiance en son art, elle voulu être encore saignée par lui peu de jours après la cruelle opération.

Depuis longtemps notre bien chère Sœur Thérèse Augustine pressentait sa mort prochaine ; souvent elle nous assurait que le choléra la conduirait au tombeau. Vers la fête de la Visitation, elle eut quelques sentiments d’une affection bilieuse qui la tourmentait de fois à autres. Cependant elle continuait d’assister à tous les exercices de Communauté, et de remplir les fonctions de sa charge. Le soir de notre grande fête, elle vint à la récréation avec une figure toute décomposée ; il fallut cependant la presser d’aller prendre du repos : cette cordiale Sœur sentait que c’était la dernière fois qu’elle se trouvait au milieu de nous, et ne pouvait nous quitter. Elle nous répéta plusieurs fois : « Le Seigneur me prendra quand il voudra ; j’ai communié aujourd’hui en viatique, et j’ai fait toute ma préparation à la mort. »