Restauration du Monastère (1817)

Guérison et vocation de notre Sœur Marie Félicité de Marion (suite)

Le jour indiqué, le Saint Sacrifice de la Messe fut offert en union avec le Prince de Hohenlohe : un grand nombre de personnes pieuses y assistèrent ; et Mme de Salse reçut, à 8 heures, la Sainte Communion dans son lit. Sa confiance est alors mise à l’épreuve : trois quarts d’heure se passent sans aucun changement ; elle reste recueillie et s’abandonne à la volonté du Seigneur, se soumettant à supporter avec patience son douloureux état, et à recevoir la mort de la main de Dieu quand il le jugera à propos. Mais à 9 heures, sans avoir éprouvé aucune commotion sensible, elle se sent entièrement délivrée de ses maux : sa voix éteinte se fait entendre, et frappe d’admiration toutes les personnes qui l’entourent : parents, amis, domestiques même, versent des larmes de joie et de reconnaissance. Une parente en est tellement saisie qu’elle se trouve mal ; et tous ne peuvent que louer le Seigneur, et lui rendre grâce d’une si grande merveille.

Néanmoins, comme les forces de notre chère Sœur ne revinrent qu’avec le temps, elle ne put aller à pieds jusqu’à l’Église ; mais, pressée de rendre publiquement grâce à Dieu, elle s’y fit conduire en voiture dès midi, le même jour. Là, son cœur sensible s’épancha dans celui de son Sauveur : elle promit d’être à lui plus que jamais. Elle eût désiré rester longtemps dans le lieu saint, pour satisfaire au sentiment de piété qui la portait à s’unir intimement à ce Dieu d’amour : sa faiblesse fut cause qu’on ne le lui permit pas ; d’ailleurs, son état avait inspiré tant d’intérêt dans la ville, que chacun était empressé de prendre part à son bonheur, et de s’assurer par soi-même de la vérité de sa guérison.

Le miracle fut constaté par le médecin qui l’avait journellement suivie depuis le commencement de sa maladie : il ne put s’empêcher d’avouer que le Tout-Puissant pouvait seul opérer un tel prodige. Ce ne fut pas une petite peine pour la pieuse veuve de se voir pendant quelques jours assaillie de visites ; car elle eût désiré goûter en paix le don de Dieu, qui avait répandu dans son âme des grâces encore plus précieuses que celle que l’on admirait.