Restauration du Monastère (1817)

Autre décès. Promesse qui arrête le fléau.

Le mercredi suivant, une de nos pensionnaires en chambre, qui habitait en dehors du Monastère, termina, encore par le choléra, une carrière pleine de vertus et de mérites. Peu de temps après, une Prétendante, pour le rang des Sœurs domestiques, nous fut enlevée dans l’espace de 8 heures. Cette mort fit craindre de voir renouveler le mal, c’est pourquoi d’après le désir de la Communauté et celui de nos sœurs Conseillères, notre digne Mère Marie Thérèse de Tholozan, promit de faire en commun, pendant une année, le chemin de la Croix tous les dimanches, tant en réparation des fautes commises depuis notre établissement, que pour obtenir la cessation du fléau et la conversion des pécheurs. Dès ce moment aucune personne de la maison ne fut plus atteinte, et les malades se rétablirent.

Notre consolation dans ces moments si douloureux fut de voir nos chères mourantes quitter la vie dans l’acte du plus parfait abandon, et par conséquent dans un calme et une paix que les douleurs de la maladie n’ont même pas troublés. Les secours de la Religion n’ont manqué à aucune de celles qui nous ont quittées, Mr notre Confesseur venant aussitôt qu’on lui en exprimait le besoin, avec une charité et un dévouement dont Dieu seul peut le récompenser.

Notre Très Honorée Sœur Louise de Sales de Condé, alors Directrice, nous a donné à toutes, pendant ce temps d’affliction, les marques les plus sensibles de sa tendre charité ; s’étant offerte pour aider nos Sœurs Infirmières, elle ne quittait une moribonde que pour courir à une autre, s’oubliant elle-même pour nous assister, aussi son corps ne put tenir à tant de fatigues, et tout le monde étant rétabli, elle fut atteinte d’une forte cholérine, mais Dieu, qui nous la réservait pour Mère, la guérit en peu de temps.

Ce temps d’épreuves épuisa beaucoup la santé de nos dignes Mères fondatrices, et jamais elles ne se rétablirent. Notre respectable Sœur Assistante, Marie Stanislas de Schaller, avait voulu éviter tant qu’elle pouvait, dans le commencement, la peine à notre bien-aimée Mère Marie Thérèse de Tholozan ; elle se trouvait la première auprès de celles qui étaient indisposées pour s’assurer de ce qui leur devenait nécessaire. Elle fit tout ce qu’elle put pour éviter à cette bonne Mère la vue des cholériques, dont la figure décomposée lui faisait mal ; d’ailleurs les malades elles-mêmes demandaient qu’elle ne s’exposât pas en les visitant. Elle y alla cependant, mais moins que son cœur ne l’y eut conduite, parce qu’on l’en empêchait. Cependant notre excellente Sœur Assistante succomba aussi à la peine et à la fatigue, et si son courage l’empêcha de s’aliter, elle n’en contracta pas moins des infirmités qu’elle porta jusqu’au tombeau.