Restauration du Monastère (1817)

On est obligé de changer la 3ème Sœur de Fribourg (septembre 1818)

D’un autre côté, le local resserré et le peu d’air que nous avions, réduisit notre très chère Sœur Marie de Sales Chappuis dans un état de dépérissement qui, accroissant de jour en jour, eut donné tout à craindre, si Monseigneur de Lausanne et Genève, informé de la situation, n’eût jugé urgent de la rappeler en Suisse.

La générosité de notre cher Monastère de Fribourg nous vint encore en aide, envoyant en même temps pour la remplacer notre bien-aimée Sœur Marie-Appolline Marmond, que nous eûmes l’avantage de posséder sept ans. Le départ de notre Très-Honorée Sœur Marie de Sales fut sensible à notre bonne Mère, mais alors sa vie était jonchée de sacrifices. Comme elle devait avoir tout le mérite de notre fondation, notre bon Dieu voulut la faire passer par les mêmes épreuves que nos premières Mères ; car si toute les Sœurs qu’elle avait trouvées ici firent profession, ce ne fut pas sans que cette digne Supérieure et elles eussent beaucoup souffert.

Le démon, furieux de voir que la grande pauvreté et les autres obstacles ne pouvaient ébranler leur courage, essaya de les désunir pour tout renverser. Il suscita des personnes séculières qui venaient dire mille choses à cette bien-aimée Mère, pour la porter à rejeter de la maison celles qui l’y avaient appelées, tandis que d’un autre côté on cherchait à indisposer nos Sœurs contre les Fondatrices qui, disait-on, ruineraient la communauté et la mettrait sur le pavé.

Les choses allèrent au point que l’une d’elles faisant un jour part de sa peine à un respectable Père Chartreux, qui avait la charité de confesser la petite famille, il ne put s’empêcher de faire une exclamation sur tout ce qu’il apprenait, disant : « Je crois qu’il n’y a plus de diables en enfer ; qu’ils sont tous ici pour renverser cette maison. » Mais Dieu veillait sur son œuvre, il ne permit pas que les efforts de l’enfer triomphassent, et malgré sa rage les cœurs restèrent unis.