Restauration du Monastère (1817)

Guérison et vocation de notre Sœur Marie Félicité de Marion

Entre les Sœurs à qui notre respectable Mère Marie Stanislas fit faire la sainte profession, nous distinguerons notre chère Sœur Marie Félicité de Marion, connue dans le monde sous le nom de Mme de Salse, dont la guérison miraculeuse est remarquable. Elle était veuve et avait établi honorablement ses enfants, quand le Seigneur l’éprouva dans sa miséricorde, pour lui faire connaître ses desseins de bonté et d’amour.

Elle éprouva une maladie fort grave qui fut suivie d’une foule d’accidents fâcheux, tels que vives douleurs d’entrailles, commencement d’hydropisie, digestions mauvaises, perte du sommeil, etc. Différents médecins furent consultés ; et ils épuisèrent inutilement, pour sa guérison, toutes les ressources de l’art : le mal fut enfin jugé incurable. Depuis 21 mois, une extinction de voix ne lui permettait plus d’articuler une parole ; et, lorsqu’elle voulait s’exprimer, même faiblement, il fallait la munir d’eaux confortatives. Incapable de se donner le moindre mouvement, vu son extrême faiblesse, ce n’était qu’avec peine qu’elle pouvait être transportée de son lit à un canapé pour changer un peu sa position. Elle avait souvent des suffocations effrayantes, en sorte que, dans les plus grands froids, elle ne pouvait supporter de feu dans sa chambre. Tel fut l’état où notre Seigneur réduisit pendant 4 ans et six semaines Mme de Salse, pour faire éclater sa puissance et l’amener à l’accomplissement de ses vues sur elle.

Jusqu’alors, notre chère Sœur avait rempli fidèlement ses devoirs de chrétienne, mais sans avoir ces vues de perfection que l’on rencontre même en quelques bonnes âmes dans le monde. Sa maladie fut pour elle ce temps de grâces : elle se disposa d’abord à l’approche de sa dernière heure ; puis voyant son exil prolongé, elle profita des saints avis d’un Ecclésiastique zélé qui la visitait assidûment : elle fit de saintes lectures, tant que son état le lui permettait ; et, ne trouvant plus de bonheur et de consolation que dans les secours de la Religion, elle en vint à recevoir les Sacrements tous les huit jours. Moins son état lui laissait avoir de rapports avec les créatures, plus elle en profitait pour se tenir intérieure-ment unie avec son divin Maître ; et ses dispositions changèrent tellement, qu’elle perdit tout désir de se rétablir, et ne soupira plus qu’après le bonheur d’aller jouir de Dieu.