Restauration du Monastère (1817)

Traits de Providence

Au milieu de tant de travaux notre digne Mère était tout abandonnée à la divine Providence sur laquelle elle s’appuyait avec une confiance aussi ferme que filiale ; elle en fut souvent récompensée par des grâces et des secours extraordinaires. Nous laissons la Très-Honorée Mère Marie-Appolline Marmond en donner une preuve. « J’étais, dit-elle, dépensière au Monastère de Metz dans le temps où l’on établissait le pensionnat : cette bonne Mère exigeait que les élèves fussent nourries et la Sœur économe, qui était excessivement vive et qui se trouvait sans argent, assurait qu’elle ne pouvait fournir aux dépenses. Notre digne Mère, toujours pleine de confiance en Dieu, me disait : ‘ne vous inquiétez pas, faites à votre ordinaire, surtout pour les pensionnaires ; quant à nos Sœurs, elles ne sont pas difficiles.’ Un samedi soir, sa charité me dit en confiance : ‘cette fois, nous sommes entièrement dénuées d’argent et sans espérance d’en recevoir ; nous avons telle et telle dépense à faire, je ne vois pas comment nous nous en tirerons ; nous voulons abandonner tout cela à la divine Providence, et tout attendre de la bonté de Dieu.’ Le lendemain matin, Mr l’Abbé Ducherray, chanoine de la Cathédrale, qui avait la bonté de nous dire la première Messe tous les dimanches et Fêtes, sans connaître notre position, après son action de grâces, appela la Sœur Sacristine, et lui remit une somme de mille francs, la chargeant de la porter à notre Mère. Cette bonne Mère vint me montrer ce don, me disant : ‘Ne fait-il pas bon avoir confiance en Dieu ?’ C’était le 1er dimanche de Carême, jour où l’on lit l’Évangile de la multiplication des pains. »

La reconnaissance nous oblige d’ajouter ici que cet Évangile fut souvent pour ce digne Ecclésiastique l’occasion d’augmenter notre confiance en la divine Providence, quoique par des dons moins considérables. Il a bien voulu encore enrichir notre Sacristie d’une aube, de deux belles chasubles et d’un Missel relié en maroquin rouge, doré sur tranche ; il n’était point de circonstances qu’il ne saisît pour nous donner des marques de sa bienveillance et de son intérêt.