Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

On envoie deux soeurs de Melun avec leurs dots.

Notre chère Mère répondit dans le sentiment d’une parfaite reconnaissance, acceptant avec action de grâce l’offre qui lui était faite. Aussitôt la charitable Mère Françoise Jéronime de Villette fit à sa Communauté un exposé de l’état de la maison de Metz, à la récréation, demandant si il y en avait quelqu’une d’assez charitable et généreuse pour se sacrifier elle-même, et les commodités de sa maison, pour aller secourir les Sœurs de Metz, portant sa dot avec elle. Cette grande Supérieure eut en cette rencontre une très grande consolation, voyant environ 30 de ses fils se lever, et s’offrir avec une charité admirable pour cet acte de dévouement, en sorte qu’elle fut embarrassée pour le choix. Le sort tomba sur nos Très Honorée Sœurs Marie Angélique Fillacier et Claire Marie de Foissy : toutes deux d’une grande vertu et douées de bons talents, qu’elles ont fait valoir pour le bien de notre Maison, à laquelle elles ont rendu de grands services. Mais, pour faire toutes choses avec les justes considérations requises, il fut arrêté que si elles venaient à désirer le retour en leur maison de profession, elles y seraient reçues comme auparavant ; qu’elles ne pourraient être renvoyées de Metz sans leur agrément et pour de justes causes ; et que tant qu’elles y demeureraient, elles seraient considérées comme professes de cette maison. Toutes ces conditions furent approuvées et acceptées des deux Communautés.

Toutes choses conclues, ces chères pèlerines partirent de Melun, accompagnées de Mademoiselle Joly, de la même ville, qui eut le courage de quitter sa terre et sa parenté, pour être Prétendante en cette Maison, voulant partager avec nos Sœurs la gloire, ou plutôt le bonheur de se sacrifier pour la charité. Elle réussit et fut nommée Sœur Marie Jéronime ; elle a rendu de bons services, ses ouvrages de broderie et de peinture parlent encore d’elle. Elles s’arrêtèrent à leur passage dans notre Monastère de Pont-à-Mousson, où la Très Honorée Mère Jeanne Françoise de Saint-Vincent, et toute sa Communauté, les reçurent avec une affection et une cordialité qui allaient jusqu’au respect, tant elles étaient pénétrées de la grandeur de cet acte de dévouement, produit par l’union admirable de notre saint Institut. On les garda huit jours pour les délasser un peu de la fatigue d’un si long et si pénible voyage. Elles arrivèrent enfin à Metz le 12 août 1652 ; il est plus facile de comprendre que d’exprimer, avec quelle joie et quelle reconnaissance elles furent reçues ; nous les considérions comme des Anges que le Ciel envoyait à notre secours, et Dieu bénissant leur charité leur faisait goûter tant de douceurs et de consolations, qu’elles disaient en être surprises, et que ne s’étant disposées qu’à éprouver toutes sortes de misères, elles trouvaient au contraire tout beau et bon, même les viandes très pauvres, et les apprêts assez dégoûtant qu’on leur présentait ; elles les trouvaient délicieux disant n’avoir rien éprouvé de semblable en France. On employa leurs dots au payement de quelques sommes d’argent empruntées aux juifs à gros intérêts ; ce nous fut un grand allégement ; mais il ne nous empêcha pas d’être obligées de continuer le pénible ménage de la bergerie, non plus que la manufacture et la teinture des étoffes nécessaires pour nos habits ; on faisait aussi tous les souliers avec allégresse et une sainte joie.