Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Maladie et mort de la Mère Anne Thérèse de Tassy.

L’année 1778 devait être pour nous une année de sacrifice par la mort de notre bien-aimée Mère Anne Thérèse de Tassy. Vers le mois de décembre précédent, de petites, mais fréquentes indispositions dénotèrent un état critique ; avant les fêtes de Noël elle fut alitée. Le mal, provenant d’une complication de maux, fit un progrès si rapide, que le jour de l’an elle demanda, dès sept heures du matin, à être administrée, ce qui rendit ce jour des plus tristes pour nous, en sorte que nous ne commençâmes à nous parler que par nos larmes.

La maladie dura 50 jours, nous laissant toujours entre la crainte et l’espérance. Monsieur notre médecin soignait notre chère malade avec un zèle et une assiduité remarquable, employant toute l’habilité de son art pour détourner l’hydropisie, qui était le mal principal. Quoique notre Très Honorée Mère conserva toujours quelque espérance, elle connut néanmoins son danger, et l’envisagea avec la paix d’un cœur soumis aux ordres de Dieu ; comme elle l’aimait sans partage, elle avait un désir ardent de s’unir à Lui pour jamais. Le 9 février, son affaiblissement total fut l’annonce d’une mort prochaine ; nos prières et nos voeux redoublèrent, mais la victime était préparée et le Ciel la demandait. Nous pouvons dire avoir vu en elle une patiente et une générosité admirables ; elle nous disait souvent avec un accent de pleine résignation : « Je suis sur le calvaire, priez Dieu que je n’en descende pas ».

L’usage de l’opium l’avait tellement fortifiée que la vigueur du plus fort tempérament aurait résisté moins longtemps à la maladie, ainsi elle endura des douleurs aiguës, conservant sa parfaite connaissance jusqu’à une heure avant sa mort. Elle a eu le bonheur de recevoir le Saint Viatique plusieurs fois, et de puiser dans ce secours divin la force et les grâces dont elle avait besoin. Monsieur notre Confesseur lui a donné les soins assidus de son ministère, et après qu’il lui eut réitéré les prières de la recommandation de l’âme, elle la rendit à son créateur, vers quatre heures et demie du 13 février, à l’âge de 63 ans ; il en avait 46 de profession au rang des Sœurs Associées..