Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Dons fait dans ce triennal.

Mais de tous les bienfaits que nous reçûmes en ce temps de la divine Providence, le plus estimable est la fondation de la fête du Sacré-Coeur de Jésus, qu’une de nos respectables anciennes nous a procurée de Messieurs ses parents. Ils ont donné la somme de 400 livres, pour que nous eussions ce jour là une grand-messe, Sermon et le Salut ; nous sommes déjà redevables à cette famille estimable du même avantage pour la fête de la Visitation.

Notre très chère et ancienne Soeur Tourière dont la piété édifiante nous avait procuré quelques années auparavant la fondation d’une Messe toutes les fêtes et dimanches pour nos chères Sœurs infirmes, qui avait souvent bien de la peine à attendre pour communier à celle de Communauté, nous obtint encore la même grâce pour les jeudis.

La famille de notre chère Soeur Sacristine voulut bien seconder le zèle de notre très Honorée Mère pour la décoration du Temple du Seigneur, en contribuant à la dépense des ornements des grands et petits Autels, des crédences, y joignant même une chasuble et un voile de calice. Le tout est un ouvrage en broderie avec des mauresques relevées en or, d’où il sort une quantité de belles fleurs nuées. Au milieu du cartouche du grand Autel, qui est magnifique, est une représentation du mystère de la Visitation ; dans un de ceux des petits Autels est notre saint fondateur en camail, et dans l’autre Saint-Augustin en chape. Ces figures sont travaillées en point luisant, et le fonds de tout l’ouvrage est un glacis d’argent fait en soleil, qui le rend très brillant. Nous sommes redevables à nos Soeurs de Nancy, dont nous éprouvons souvent la charité, non seulement de la beauté du dessin, mais encore d’une somme de 80 livres pour aider à la dépense.

En général nous éprouvâmes dans ce temps la générosité de nos parents, qui se faisaient un plaisir de suppléer à ce qui manquait dans les emplois ; il y en eut même qui donnèrent une somme de 200 livres pour entretenir une lampe dans le Dortoir, notre pauvreté nous en ayant privé jusqu’alors.

Notre très Honorée Mère Marie Ursule de Custine laissa presque le même fond de pauvreté qu’elle avait trouvée à son entrée dans la charge, la médiocrité des revenus de notre maison étant toujours beaucoup au-dessous du nécessaire à l’entretien d’une Communauté aussi nombreuse qu’infirme. Les dots de six novices
auxquelles elle avait fait faire sa sainte Profession, ne purent éteindre qu’une partie des dettes qu’on avait été forcé de contracter pour achever le grand corps de logis, que les libéralités de Mgr de Coislin avait fort avancé, mais que sa mort avait laissé imparfait. La Communauté était alors composée de 35 professes du voile noir, cinq du blanc, deux novices, une prétendante pour le rang des Sœurs Domestiques, trois Sœurs Tourières, quatre filles de service, deux dames en chambre et 30 pensionnaires.

Les fréquentes et dangereuses maladies dont notre très Honorée Mère Marie Ursule de Custine fut attaquée pendant son dernier triennal, ne nous firent que trop connaître la perte dont nous étions menacés ; à mesure qu’elle approchait du terme de sa carrière, elle avançait dans la pratique de toutes les vertus. Son zèle pour la décoration du temple du Seigneur, l’engagea à faire la dépense d’un très beau tabernacle, surmontée d’une niche pour l’exposition du Très Saint-Sacrement, accompagné de chacun des côtés de deux tableaux en sculpture, représentant les mystères de l’Annonciation et de la Très Sainte vierge, les couronnements, les gradins, les cadres du grand et des deux petits Autels, le tout en bois doré d’une sculpture de très bon goût. Cet ouvrage fut achevé quelque jour avant la déposition de notre très Honorée Mère ; elle eut une joie sensible de l’exécution de cette entreprise, qu’elle regardait comme la dernière de sa vie.

Élection de la Mère Françoise Thérèse Jeanot 1746.

À l’élection de 1736, nos suffrages se réunir sur notre Très Honorée Mère Françoise Thérèse Jeanot ; nous expérimentâmes ses talents pour le gouvernement par la paix et la régularité qu’elle maintint dans notre Communauté, où son exemple faisait une grande impression sur les coeurs et les esprits.