Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Mort de la Mère Marie Ursule de Custine.

Une sensible douleur lui était réservée ainsi qu’à nous, dans sa première année de supériorité, la mort nous ayant ravi notre Très Honorée Mère Marie Ursule de Custine de Pontigny le 23 avril 1737. Cette respectable Soeur avait de grands pressentiments de sa fin prochaine ; la vive impression que les redoutables jugements de Dieu faisaient sur son esprit, lui donnait une frayeur excessive de son dernier moment ; elle y pensait néanmoins et en parlait presque toujours. Depuis sa déposition, sa vie ne fut plus qu’une souffrance et une prière continuelle ; elle passa le carême dans une extrême faiblesse, le Mercredi Saint elle se trouva beaucoup plus mal, son courage et sa ferveur lui donnèrent la force de descendre au choeur, où elle se confessa pour se préparer à la communion Pascale, qu’elle eut le bonheur de faire le lendemain avec la Communauté, malgré l’état de souffrance où la réduisait les commencements de sa dernière maladie, dont elle était dès lors attaquée. Elle assista le Vendredi Saint à tout l’Office du matin, après lequel elle eut un froid de fièvre avec un point de côté ; le jour suivant, la fluxion de poitrine se formant nous annonça le danger où nous étions de perdre cette vertueuse Déposée. Aux remèdes humains, nous joignîmes les prières et les voeux les plus ardents, pour obtenir la conservation d’une personne si chère à toute notre Communauté ; mais le Seigneur, dont les volontés sont toujours adorables, voulait récompenser ses mérites, et exiger de notre soumission ce douloureux sacrifice. Le quatrième jour de sa maladie nous demandâmes, vers quatre heures du soir, à Monsieur notre médecin s’il n’était pas tant de lui faire recevoir les derniers sacrements ; il nous rassura, nous disant qu’il la trouvait beaucoup mieux, et ne voulut pas qu’on lui en parlât. À minuit, la chère malade pria les Soeurs qui la veillaient de s’unir à elle pour adorer le Sacré-Cœur de Jésus. Quelque temps après, on s’aperçut qu’elle baissait extraordinairement, et on avertit de suite notre Très Honorée Mère, qui se rendit aussitôt près d’elle, et lui trouva une entière présence d’esprit. Cette vertueuse mourante apprit son danger avec une tranquillité qui marquait celle de sa conscience, et sa parfaite conformité à la volonté divine. Elle demanda un Révérend Père Jésuite pour se confesser, mais quelques diligences qu’on humilie à l’avertir, la mort de notre respectable défunte prévint son arrivée. Elle expira vers deux heures du matin, en présence de notre Très-Honorée Mère et de plusieurs de nos Sœurs, nous laissant pénétrées d’une douleur que notre silence exprimera mieux que nos faibles paroles. Toutes les personnes qui affectionnaient notre maison partagèrent notre affliction, dont l’amertume ne put être adoucie que par la vive espérance de son bonheur éternel. Elle était âgée de 71 ans et en avait 55 de Religion.