Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Acquisition d’un terrain nécessaire.

Nous fûmes, à cette époque, obligées d’acquérir un terrain que la convenance nous rendait indispensable ; car il nous donnait des inquiétudes bien fondées, et sans cesse renaissante. L’examen qui fut fait du local porte : Premièrement que ce terrain, de quatre toises de largeur, sur 25 de profondeur, séparait et coupait dans presque toute la longueur les lieux claustraux de notre Monastère, et qu’il contenait de petites maisons dégradées habitées par des indigents qui ne prenaient aucune précaution contre le feu. Deuxièmement qu’une de ces masures, percée par une fenêtre pratiquée dans sa couverture, n’étant éloignée des fenêtres de l’appartement de nos demoiselles pensionnaires que de six pieds, pouvait avoir de sérieux inconvénients. Troisièmement que le mur sur lequel était appuyé ce bâtiment, qui régnait sur toute la longueur du terrain, n’étant éloigné que de cinq pieds des lieux claustraux, rendait obscur, humide et mal sain le rez-de-chaussée. D’après cet exposé, trois objets concourraient presque également à nous faire désirer cette acquisition : le danger du feu, la nécessité d’assurer l’appartement de nos Demoiselles Pensionnaires, et celle de données de la clarté et de la salubrité à notre rez-de-chaussée. Monseigneur de Montmorency Laval, notre digne Prélat, ayant examiné toutes choses dans une de ces visites, fut si vivement frappé de l’urgence de parer à tous ces inconvénients, qu’il fut le premier à dire à notre Très Honorée Mère qu’il fallait solliciter les autorisations nécessaires. Ce bon Pasteur appuya notre demande à la Cour, où sa protection nous fut très favorable, ainsi que celle de Madame de Choiseul, Abbesse du noble et Royal Chapitre de Saint-Louis en cette ville. Cette Dame nous a marqué son zèle pour nos intérêts, près de Monsieur le duc de Choiseul son frère, alors Ministre ; notre reconnaissance nous fait un devoir de ne pas oublier ce que nous lui devons. Ce ne fut pas sans difficultés que nous parvînmes ensuite à faire venir les propriétaires à une composition raisonnable ; mais la Divine bonté fit enfin terminer cette affaire à notre satisfaction. Cet emplacement dégagé nous a donné un appartement de plus et à donné aussi un agrément utile à notre jardin.

Baptême de notre cloche

Pendant ce triennal, nous eûmes une cérémonie rare pour nous, le baptême de notre cloche ; comme nous étions obligées de la faire refondre, une personne d’éminente vertu voulut bien en payer les frais. La Bénédiction en fut faite dans notre choeur par Monsieur l’Abbé de Marion, qui voulut bien être parrain de la cloche avec Mademoiselle sa Soeur, et il prie de là occasion de faire un don à notre sacristie, qui eut à cette époque quelques ornements.