Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Travaux de nos Soeurs pour cette solennité.

L’humilité de la Supérieure et de la Communauté, dit toujours l’auteur de la relation, m’ayant ôté le pouvoir de parler comme je l’aurais désiré, des peines qu’ils ont prises pour donner plus d’éclat à cette fête, il m’est seulement permis de dire, que toutes ont mêlé leurs sueurs dans les fatigues communes que le bâtiment de l’église leur a coûté. Depuis la dernière Novice, malgré la tendresse de leur âge et la délicatesse de leur complexion, jusqu’à la Supérieure, qui était toujours la première partout avec un zèle admirable, et dont l’humilité éclatait, non pas tant dans les emplois communs, que dans les plus viles, difficiles et capables de rebuter, toutes faisaient éclater leur ardeur pour l’honneur de Dieu et de son Saint. Ces chères Soeurs furent obligées de se séparer en bandes, pour faire ce à quoi elles étaient plus propres pour la décoration du temple du Seigneur ; les unes s’employaient à la peinture et dorure, où elles ont parfaitement réussi ; les autres sacrifiaient tout leur temps à la broderie, à dessein d’enrichir la sacristie de ces ornements somptueux, qu’on a admiré avec raison pendant la solennité, presque tout le génie de l’art y était renfermé.

Celles-ci s’appliquaient à la miniature, celles-là aux bouquets de fleurs artificielles, où elles ont fait paraître leur adresse, aussi bien que d’autres à la tapisserie. Enfin il y en eut qui employèrent leurs forces à frotter, polir et accommoder les pierres, pour leur donner le lustre qui semble les métamorphoser en marbre gris, dont le rapport et la ressemblance trompent les plus clairvoyants : de sorte qu’elles ont toutes mis la main à l’oeuvre pour l’appareil de la solennité, et eussent sans doute été accablées par la fatigue, si le secours du Ciel, et l’amour du triomphe de tout, ne les avaient soutenues. Je citerai particulièrement les sacristines, qui ne prenaient leur repas et le repos qu’à la dérobée, étant obligées d’employer une partie de la nuit à orner les Autels, dont chaque jour elles changeaient les parements, et d’être dès la pointe du jour continuellement sur pied, pour donner les ornements aux prêtres, qui célébraient sans cesse aux trois Autels. Elles ont si généralement satisfait à la dévotion de tous par leur diligence et leur politesse, qu’il ne s’en est pas trouvé un seul qui ne se soit retiré très satisfait et très édifié.