Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Mort de la Soeur Déposée Jeanne Charlotte de Guillermin.

Sa dernière maladie commença par un violent accès de fièvre, qui ne l’empêcha pas de se lever pour l’oraison, et de suivre tous les sacrifices jusqu’au soir : alors accablée par le mal, elle fut obligée de se rendre à l’infirmerie. M. notre médecin lui trouva une fièvre violente avec oppression, ce qui nous fit tout craindre pour cette chère malade à laquelle on fit tous les remèdes possibles, on adressa en même temps des vœux au Seigneur pour sa guérison, mais cette âme prédestinée avait rempli la mesure de ses mérites. Nous aperçûmes bientôt par les progrès de la maladie qu’il fallait se hâter de lui donner les derniers sacrements ; elle s’y disposa par une nouvelle ardeur, témoignant de saints transports de joie de se réunir à son Divin principe. Le cinquième jour de sa maladie, à deux après-midi, elle alla recevoir la récompense de ses vertus, nous laissant pénétrées de la plus vive douleur, augmentée par celle de sa chère Soeur cadette, qui nous édifia autant par sa parfaite résignation en cette occasion qu’elle faisait depuis deux ans par la perte de sa vue, qui ne l’empêcha pas de suivre nos exercices, et de soutenir notre coeur par sa belle voix.

Notre illustre Prélat, qui nous honorait de ses bontés et aimait à nous faire la visite annuelle, nous la fit à son ordinaire en 1727, et la commença par une exhortation aussi savante que pathétique, sur le bonheur de la vie monastique et régulière. Sa Grandeur nous témoignait à toutes en particulier mille bontés, et la satisfaction qu’il avait de remarquer dans cette Communauté une parfaite union et exacte observance. Ce bon Prélat voulu nous voir dîner et fut si touché de voir avec quelle frugalité nous passions le carême, que dès le lendemain il nous envoya du poisson.

Nous eûmes dans le même temps une consolation bien rare pour nous, celle de voir deux de nos chères Soeurs de Nancy, qui se rendait à notre Monastère de Bruxelles. Il est impossible d’exprimer la joie que nous éprouvâmes en voyant d’autres nous-mêmes ; nous fûmes très édifiées de leur vertu dans les deux jours que nous eûmes le plaisir de les posséder ; ils nous parurent d’autant plus courts, que la situation reculée de notre ville nous prive de ces agréables visites. M. l’Abbé Ducasse, Chanoine et Prévôt de l’église de Saint Thiébault, choisit alors la nôtre pour sa sépulture, et nous fit la charité de fonder notre Messe de Communauté, qu’il se réserva à perpétuité : nous devons cet avantage à son estime pour notre Très Honorée Soeur la Déposée Marie Ursule de Pontigny. À la même époque, une de nos Soeurs tourières, qui depuis 40 ans nous prouvait son zèle et son affection, employa une succession de sa famille pour nous fonder une Messe les Dimanches et fêtes, à une heure commode pour le grand nombre d’infirmes de notre Communauté.