Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Description du bâtiment.

Ce bâtiment à de longueurs 87 pieds, et de hauteur 34. L’aile du cloître est soutenue par sept pilastres de l’ordre toscan, dans le fond duquel on a érigé un Autel du Sacré-Coeur de Jésus, qui fait face à la porte de clôture. Derrière cet Autel est un spacieux passage pour les chars qui y entrent par une porte cochère faite dans le nouveau bâtiment, qu’on dit être une des plus belles de la ville ; au-dessus sont en relief les armoiries de Monseigneur de Coislin, qui en font l’ornement. Ensuite un bûcher à contenir environ 20 milliers de bois : tout commode qu’il est, il nous a coûté bien des soins et de l’argent ; car il prend tout le terrain d’une petite maison qui n’était à nous, et dont le propriétaire voulait nous obliger de faire à nos frais la muraille mitoyenne, voyant que nous nous ne pouvions faire démolir la vieille sans entraîner le reste de la maison, on nous conseilla d’en faire l’acquisition ; elle nous coûta d’autant plus qu’on voyait qu’elle nous était nécessaire mais ce ne fut pas tout, il fallut traiter avec les Messieurs de la ville pour obtenir les permissions, et ensuite celle de la cour : il fallut aussi donner au locataire une somme d’argent pour l’indemniser du délogement précipité.

Sous les arcades du cloître se trouve la porte de clôture ; à côté est le tour et une petite chambre pour la Soeur Portière ; ensuite un Parloir à deux grilles, entre lesquelles il y a une cheminée en dehors qui donne en dedans une place commode pour la Soeur Assistante. Vis-à-vis cette porte se trouve une grande chambre qui fait le Réfectoire pour nos demoiselles Pensionnaires ; entre ces deux portes est placé un grand escalier à six rampes, qui règne jusqu’aux greniers. Au premier étage, se trouve un parloir semblable à celui d’en bas on y a fait un petit retranchement qui sert de confessionnal extraordinaire ; au même étage, une chambre pour la Soeur Économe ; ensuite une grande salle et deux chambres pour des pensionnaires particulières, qui se terminent par un petit escalier dérobé ; le dernier étage fait l’appartement complet de nos demoiselles pensionnaires. Il contient deux grandes salles, deux chambres et un cabinet ; de l’autre côté, un corridor, deux chambres et leur cabinet, avec un parloir pour elles, et trois greniers au-dessus. Nous avons encore fait faire au bout de notre jardin une Buanderie très commode ; elle consiste en une cuisine où il y a deux grands cuveaux de ciment, une cendrière et un fourneau ; ensuite deux lavoirs, l’un pour battre le linge, et l’autre, avec une pompe, pour le rincer. Le tout est garni de belles pierres de taille, et a des égouts qui déchargent dans la rue toute l’eau de nos lessives. Au-dessus sont trois chambres pour la draperie, et deux greniers pour le blé. Nous avons été obligées de faire ce dernier bâtiment, pour éviter le danger pressant dont nous étions menacées par la chute des eaux, qui avait déjà commencé à endommager les fondements des murailles de nos dortoirs, qui prenaient coup et se crevassaient en plusieurs endroits. Une espèce de craquements, dans des poutres et pactulles, que l’on entendit, jeta la Communauté dans une telle frayeur, que nos Sœurs emportèrent leur lit, et se réfugièrent dans le nouveau bâtiment, tout humide et imparfait qu’il était. Pour nous calmer, notre Très Honorée Mère fit faire une visite d’experts, ils ordonnèrent d’étayer l’Infirmerie, la Sacristie, les dortoirs, les greniers : cette précaution mis en état d’attendre le moment où Dieu nous fournirait les moyens de rebâtir cet endroit.