Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Départ de la Soeur Déposée.

Le triennal de notre Très Honorée Mère Madeleine Angélique Tomassin approchant de sa fin, elle nous marqua, et fit savoir à son Monastère du Faubourg Saint-Jacques à Paris, qu’attendu les infirmités dont elle avait été atteinte en ce pays, il paraissait que Dieu ne demandait pas d’elle un plus long service. D’après cet exposé, elle reçut son obédience qui nous empêcha de la réélire.

Élection de la Mère Françoise Catherine de Moncel 1673..

Nous fîmes élection, cette année 1673, de notre Très Honorée Mère Françoise Catherine de Moncel, elle eut besoin de toute la force d’esprit, de la vertu, et de la grande capacité dont Dieu l’avait doué, pour se soutenir dans la perte d’un grand procès, qui faillit causer la ruine totale de notre maison. Cette digne Supérieure fit tout ce qui dépendait d’elle pour trouver des moyens d’accommodement.

La Mère et la déposée sont forcées d’aller à Paris.

Elle éprouva dans les secours charitables de l’Institut, et surtout dans les avis, conseils et secours des Très Honorées Mères de nos Monastères de Paris, qui ayant jugé qu’il était de nécessité indispensable qu’elle fit un voyage à Paris, il fallut s’y déterminer, pour traiter les choses à l’amiable avec les parties intéressées. Monseigneur lui donna l’obéissance de s’y rendre incessamment, accompagnée de notre Très Honorée Soeur la déposé Jeanne Françoise de Cromont, leur donnant 30 pistoles pour fournir aux frais du voyage. Elles partirent le 12 septembre 1678, et demeurèrent environ trois mois dans notre Monastère de la rue Saint-Antoine, pendant lesquels fut conclu la grande affaire qui coûta à cette maison plus de 40 000 livres, qu’on fut obligé d’emprunter, et dont les intérêts nous firent longtemps gémir.

Procès qui ruine la Maison.

Cette grande affaire nous fut occasionnée par une personne qui n’avait eu autre dessein que de nous faire du bien, et qui en voulant nous fonder nous a fondues. C’était une dame, veuve d’un conseiller du Parlement de Metz, qui n’ayant pas d’enfant désirait se retirer parmi nous en qualité de Bienfaitrice. Elle y demeurera même quelque temps, mais ses affaires l’ayant obligée de faire un voyage à Paris, elle y tomba malade et mourut. Par son testament, elle fit notre Communauté et sa légataire universelle, ce que nous acceptâmes, par l’avis de nos supérieurs et des amis de la maison, sans la précaution du bénéfice d’inventaire, ne croyant pas le bien de cette dame embarrassé. Le bien qui nous avait été légué formait 90 000 livres ; mais il consistait en des charges sujettes au paiement annuel du Polet, qui n’avait point été payé, et ainsi les charges retournèrent aux parties casuelles, et notre Communauté en qualité d’héritière pure et simple, condamnée à payer les dettes, et tous les legs portés par le testament. On nous laissa notre recours aux biens de la dame ; mais comme c’était des charges financées dans les coffres du Roi, qui se sont trouvées supprimées, nous avons plaidé pendant 20 ans sans pouvoir rien recouvrer.