Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Élection de la Mère Claude Catherine de Blampignon.

L’année 1694, nos suffrages se fixèrent sur notre Très Honorée Mère Claude Catherine de Blampignon qui éprouva autant qu’aucune Supérieure de cette maison la pauvreté et le malheur des temps ; car l’état où les guerres passées et présentes avaient réduit notre maison, la rendait digne de compassion. Les premières nous ont causé des pertes immenses par les courses impitoyables de l’ennemi ; les secondes exigeant des secours continuels pour les soutenir, nous réduisirent à un état que nous n’oserions exprimer. Les amortissements, le don gratuit, la capitation, dont il nous a été impossible de nous faire exempter ; le prix excessif des denrées, augmentées par les impôts particuliers que cette ville a été contrainte d’y faire mettre, pour fournir au sommes immenses que le Roi demandait ; la rigueur des saisons qui depuis quatre années perdait nos vignes, qui nous coûtaient beaucoup à entretenir et faisaient notre principal revenu, tous ces maux réunis nos mirent dans une vraie détresse. Nous eussions été accablées sans les dots de quelques sujets qui nous aidèrent d’abord à subsister ; mais ayant été ensuite trois ans sans en recevoir, il nous fallut recourir aux emprunts, et avoir la cruelle inquiétude de nous sentir endettées de 20 000 livres.

Pour se soutenir dans une position si pénible notre chère Mère tâchait d’imiter la conduite du grand Apôtre, qui, pour se soutenir dans les peines de son Apostolat se rappelait de temps en temps les faveurs singulières qu’il avait reçues de Dieu : elle envisageait les grâces spéciales dont le Seigneur favorisait les Soeurs de cette Communauté, et voyait une espèce de miracle dans leur détachement parfait des choses les plus nécessaires à la vie. Elle trouvait aussi de la force dans son étroite union avec nos respectables Soeurs Déposées, ne faisant qu’un avec elles pour la conduite de cette Maison, en sorte qu’on eût pu dire qu’elle n’était que leur organe pour faire recevoir toutes les résolutions prises pour le plus grand bien de notre Communauté.

Nous éprouvions constamment alors, comme depuis le commencement de nos désastres, l’inépuisable charité de nos trois Monastères de Paris, de celui de Chaillot, de nos chères Soeurs de Pont-à-Mousson, qui depuis notre fondation nous aidaient de leurs libéralités, nous faisons part de leurs provisions. Notre Très Honorée Sœur Marie Aimée Blaise, alors Supérieure du Pont-Saint-Esprit, nous faisait aussi ressentir qu’elle n’oubliait pas sa maison de profession, et ses chères filles nous faisaient admirer le miracle de l’union Sainte de la Visitation.