Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

La ville oblige à Bâtir ; Monseigneur envoie une somme en ordonnant de commencer.

Depuis quarante ans Messieurs les Magistrats de cette ville nous renouvelaient des significations de précaution, qui nous alarmaient d’autant plus que nous n’étions pas en état d’entreprendre une bâtisse. Enfin, peu après l’élection de notre Très Honorée Mère, nous reçûmes une assignation qui nous obligeait à décharger nos greniers et à nous mettre en devoir d’abattre ce qui était en danger de tomber. Messieurs de Saint-Antoine, nos voisins, voulurent bien nous rendre le service de recevoir nos grains ; nous saisissons cette occasion pour dire que depuis notre établissement ils n’ont cessé de nous obliger, nous servant de confesseurs ordinaires, et disant habituellement notre Messe de Communauté avec autant d’assiduité que de désintéressement. Notre illustre Prélat, ayant appris la peine où nous étions, envoya de la manière la plus gracieuse, une somme de 6000 livres à notre Très Honorée Mère, avec l’ordre de faire bâtir incessamment. Ce bon Pasteur se trouvant le même jour dans une compagnie, répéta plusieurs fois qu’il était content de sa journée parce qu’il avait fait du bien à ses cher fille de la Visitation qu’il aimait ; puis il ajouta que ce qui rendait son plaisir plus sensible était d’en avoir procuré à la Mère de Custine, dont il estimait singulièrement la vertu. Nous espérâmes que cette somme ne serait pas la fin des bontés de Monseigneur pour nous, et notre confiance ne fut pas vaine ; ces dons réitérés nous surprenaient agréablement ; car ils nous arrivèrent toujours dans le temps où le manque d’argent nous faisait craindre d’être forcées d’abandonner notre ouvrage.

Il fallut donc entreprendre le corps de logis qui contenait l’appartement de nos pensionnaires, l’économie, les parloirs, le logement des Soeur tourières, la dépense, la cuisine, le bûcher, les caves et les greniers. Nous avons regardé comme une protection visible de la très Sainte Vierge sur nous, que nos ouvriers aient été préservés des accidents qui paraissaient inévitables dans la démolition des murailles ; car il ne fallait qu’un coup de perche pour les abattre. Notre cuisine tomba d’elle-même, ce qui dérangea le projet que nous avions fait de la conserver ; mais elle ne mesurera pas ses forces à nos moyens, s’étant écroulée comme on venait de servir le dîner de la Communauté, en sorte que nos Soeurs Cuisinières, et la Sœur Dépensière n’eurent que le temps de se sauver pour n’être pas ensevelies sous les décombres.