Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Élection de la Mère Anne Scholastique de Clainchant 1778.

Notre douleur fut aussi profonde qu’elle était juste ; car nous perdions une Supérieure d’un rare mérite, cependant il fallait nous soumettre à la volonté divine et penser à une nouvelle élection. Elle eut lieu, ainsi qu’il est marqué, cinq jours après le décès de notre vertueuse Mère ; l’humilité, la prudence, la douceur, et la charité de notre Très Honorée Soeur Anne Scholastique de Clainchant D’aubigny, qui exerçait depuis longtemps la charge d’Assistante, fixèrent notre choix ; elle fut élue cette année 1778, et consola cette Communauté affligée.

Maladie et mort de la Soeur Déposée Anne Joseph Bonneau, décédée en 1780

La mort de notre chère Mère Marie Thérèse de Tassy, fut très sensible à notre respectable Soeur la déposée, Anne Joseph Bonneau, qui était alors extrêmement infirme ; elle lui survécut néanmoins trois ans. Sa dernière maladie fut la suite d’un dégoût extrême et continuel pour toutes sortes d’aliments ; il s’y joignit une si grande faiblesse, qu’elle fut hors d’état de marcher et même de se soutenir. Dès lors on lui porta la Sainte Communion tous les huit jours ; elle avait besoin de ce soutien, car ses souffrances extérieures étaient accompagnées d’un grand délaissement intérieur, et de peines sensibles. Mais elle trouvait aussi un grand soutien dans son esprit de foi, ainsi que dans ce parfait abandon à la Divine Miséricorde ; sa confiance semblait s’accroître à mesure que ses forces dépérissaient ; aussi a-t-elle envisagé la mort avec une grande tranquillité d’âme ; sa fin fut celle du juste, et la consommation de sa sainte carrière.

Elle a conservé son jugement sain jusqu’à quelques jours avant sa mort, que sa mémoire eut des intervalles d’absence. Elle a reçu dans ses derniers moments des grâces spéciales, mais elle ne les a pas fait connaître. Ce que nous en avons pu comprendre n’a pu être que par son extérieur : on voyait répandue sur son visage une sérénité qui peignait une paix angélique ; elle parut des temps considérables avec un regard si céleste, qu’elle semblait qu’elle eut un avant-goût du ciel. Son âme paraissait jouir d’avance de la vue béatifique, et l’assaut de la mort ne laissa sur ses traits rien de pénible ; ils paraissaient avoir reçu l’impression majestueuse de la visite de l’Époux, qu’elle avait toujours attendu avec la vigilance des Vierges sages. Monsieur Théobald notre Confesseur, Prêtre de la Congrégation de Saint-Lazare, Supérieur de la Maison de Sainte-Anne, en qui elle avait une pleine confiance, lui a marqué son affection vraiment paternelle par son assiduité constante à l’assister ; il nous a ensuite témoigné sa vénération pour elle, nous assurons qu’il était plus porté à l’invoquer qu’à prier pour elle.

Elle expira le 14 février 1780, après neuf heures du soir, si doucement qu’on eut peine à s’en apercevoir ; elle avait reçu les derniers Sacrements et l’Indulgence in articulo mortis ; Monsieur notre Confesseur venait de lui réitérer les prières de l’agonie. Cette perte nous fut très sensible, mais le Seigneur nous y préparait depuis longtemps par l’état de souffrance de cette respectable Soeur. Elle était âgée de 75 ans et en avait 59 de profession.