Fondation du Monastère de Metz, 56ème de l’Ordre, établi d’abord le 24 avril 1633 – retranscription de l’original sis aux Archives Départementales de Moselle

Elle en écrivit à la Supérieure de Pont-à-Mousson, qui désirait ardemment cette fondation ; elle y avait même déjà travaillé, lorsqu’elle s’était réfugiée à Metz, avec une partie de sa Communauté, au commencement de cette année ; mais des considérations politiques avaient arrêté son entreprise. Quelques personnes, qui examinèrent la chose de près, n’ayant pas jugé à propos de recevoir des étrangères, comme étaient les Soeurs de Pont-à-Mousson, sujette du Duc de Lorraine, dans une ville de guerre où l’on prend ombrage de tout, et où, sous les plus légères apparences, on sacrifie tout au bien public.

Dessein de la fondation.

La Mère Claude Dauvaine, qui avait beaucoup d’esprit, et qui n’avait garde de se raidir, ou la raison voulait qu’elle pliât, se rendit à ce qu’on lui dit et pris la résolution de retourner à son Monastère. La lettre de la Marquise renouvela son désir, elle s’empressa d’y répondre, la conjurant d’employer la faveur que ces vertus lui avaient acquise près de la Reine, pour obtenir de Sa Majesté les permissions nécessaires pour faire un établissement dans Metz, et écrivit aussi à plusieurs amis de l’Institut pour le même sujet. La vertueuse Reine témoigna à Mme la Marquise, qu’elle favoriserait de tout son coeur cette bonne oeuvre, et pris la peine d’en parler elle-même deux fois aux Messieurs de la ville, particulièrement à M. de Souy, pour lors Maire et Échevin de cette ville ; elle lui témoigna tant de désir de cet établissement, et parla si favorablement de notre Institut que les permissions furent aussitôt accordées.
Dès que la chère Mère de Pont-à-Mousson en fut avertie, elle pria Monsieur leur confesseur de se rendre à Metz, pour supplier très humblement Monseigneur de Madore (3), évêque de Metz, et M. le duc de la Valette, gouverneur de donner leur permission : elles furent obtenues facilement ; il ne restait donc plus qu’à commencer l’établissement. La Mère Claude Marie Dauvaine écrivit à notre Sainte Mère, que comme les Religieuses de Lorraine, dont on prétendait d’abord composé cette Communauté, avaient fait naître quelque ombrage des sujettes naturelles du Roi seraient plus au gré des habitants, et la priait d’en choisir elle-même dans les différentes maisons de l’ordre.

3 NDT : Monseigneur de Meunier, évêque de Madore, coadjuteur de l’évêque de Metz, Mgr Henri Bourbon-Verneuil, de 1612 à 1652.